le dialogue freudien
L'une des plus grandes confusions entourant la psychanalyse freudienne réside dans la psychoperception.
Il est essentiel de comprendre que la psychologie a toujours été, avant tout, une discipline de psychoperception. En d'autres termes, la première démarche d'un psychologue ou d'un psychiatre consiste à observer, une pratique ancrée depuis toujours.
À l'instar de la médecine, lorsqu'une personne malade se présente, on l'observe naturellement avant même de lui poser une question. C'est une composante inhérente à la vie. Bien entendu, des procédures médicales peuvent conduire un spécialiste à recueillir des informations sur un patient avant de le rencontrer. Cependant, cette lecture préalable repose toujours sur des observations, des questions et des conclusions. En résumé, je ne fais que réaffirmer l'évidence selon laquelle l'observation constitue la base de la science.
Là où Freud se distingue, selon ses propres mots, ce n'est pas en inventant la psychanalyse, car l'analyse de la psyché existait avant lui. Il n'était pas non plus opposé à la psychoperception, bien au contraire. L'observation demeure la pierre angulaire de la science, comme je viens de le souligner.
La contribution véritable de Freud réside dans l'idée que le traitement peut émaner de la discussion. Alors que par le passé, les personnes considérées comme folles étaient simplement observées, jugées, et exclues de leur propre processus de guérison, la psychanalyse a introduit un courant populaire axé sur la parole. C'est là la véritable avancée scientifique de Freud : promouvoir non seulement le traitement par la parole, mais aussi consigner de nombreuses observations, ce qui fait de lui l'écrivain le plus prolifique de l'humanité, toutes catégories confondues.
Ainsi, la psychanalyse représente un cheminement plus long et plus exigeant que le simple recours à des médicaments ou à l'imposition d'un conditionnement au patient. Elle incarne la lente découverte de l'âme à travers le dialogue, à la manière dont Socrate l'avait entrevu. Dans cet échange et le reflet de notre imaginaire s'exprimant à travers les mots, émerge chez l'autre, ou plutôt entre nous deux, une version de nous-même que nous n'avions pas encore découverte.
Freud demeure un homme, exprimant ce qu'il voit, ce qu'il observe, ni plus ni moins que ce que les limites de son esprit ou la hauteur des géants sur les épaules desquels il se tenait lui permettaient de percevoir au loin. Critiquer quelques détails de son observation reviendrait à nier le génie de Newton parce qu'il n'avait pas vu ce qu'Einstein a découvert, tout en se tenant pourtant sur ses épaules.
La science progresse lentement, et dans le domaine des sciences humaines, l'humain, tel un poisson mal placé pour découvrir l'existence de l'eau, avance à tâtons. Il est impératif de respecter cette évolution.