les gras trans ont tués les drag stars

Plus un sujet est tabou, plus on devrait l'aborder. Le titre de l'article devrait être chanté comme Video Killed the Radio Star.

Les transformations dans le monde de la drag ont été non seulement significatives, mais également porteuses de changements profonds. En suivant avec passion les treize premières saisons de RuPaul, la victoire d'une candidate trans lors de la treizième saison n'était pas seulement une évolution artistique, mais pour moi, elle représentait ma favorite de toutes les saisons. C'était crucial qu'une personne trans occupe une place significative, rééquilibrant ainsi la représentation après que RuPaul les ait longtemps écartées. Peut-être avait-il anticipé cette révolution.

Cependant, la quatorzième saison a marqué un tournant majeur. Ce n'était plus simplement une question de se déguiser en femme, mais plutôt une affirmation profonde de leur identité en tant que femmes. Les finalistes étaient toutes engagées dans des traitements hormonaux débutés durant la saison, signalant une évolution incontestable.

Cette transition de l'art de se déguiser en femme à celui de se faire opérer et de suivre des traitements hormonaux a profondément modifié la nature même de la drag. L'art traditionnel a cédé la place aux scalpel et à la pharmacie, suscitant le sentiment que l'essence originale de la drag shakespearienne, où l'acteur incarne la femme, a été éclipsée dans l'école américaine de devenir ce qu'on étudie. Une erreur épistémologique comparable au "going native" en anthropologie, c'est-à-dire devenir le sujet d'étude.

Ce qui me fascinerait d'entendre davantage de ces artistes, comme je l'ai découvert en regardant l'excellent film montréalais sur la drag, Solo, c'est l'affirmation "je suis un homme et une femme" plutôt que "je dois affirmer qui je suis vraiment, une femme, je n'ai jamais été un homme".

Naturellement, le monde est composé de diverses identités, reflétées sur tout le continuum. Statistiquement, des personnes bisexuelles ou non-binaires devraient être plus présentes, mais ce que nous observons souvent, c'est un passage d'un extrême à l'autre. De "je me déguise en femme" à "je suis une femme", avec peu de fluidité entre les deux.

Personnellement, conscient que les vies passées coexistent, il me semble naturel d'avoir en soi des fragments de ces vies antérieures et de rêver parfois d'être de l'autre sexe sans avoir besoin de se faire ajouter une poitrine puis du gras trans sur les hanches, découvrir la femme en soi n'est pas une affaire superficielle.

Ainsi, si je préfère vivre cette vie actuelle, il ne me choque pas que nous nous identifiions parfois à d'autres, une réalité commune à tous, que nous en soyons conscients ou non.

Ru Paul et Ariana Grande (qui est tellement belle, je me devais de le dire) au début de la quinzième saison.