Carlos Castaneda et l’épistémologie du témoignage en anthropologie

L’oeuvre de Castaneda est sans équivoque la plus controversée de l’histoire de l’anthropologie, de l’ethnographie; les témoignages rapportés ont été contestés de tout bord tout côté mais sans jamais attaquer le coeur de problème et en attaquant surtout le messager, essentiellement des formes de sophismes qui évacuent les vrais dilemmes épistémologiques auxquels on fait face en étudiant son oeuvre.


Par exemple, dans l’oeuvre est rapportée que le clan de l’informateur principal et initial de toute son oeuvre a terminé sa vie en un feu commun qui amena toute sa bande dans la deuxième attention, essentiellement le plan du rêveur.


Les critiques s’attardent à des détails du genre que Carlos serait mort d’une cirrhose du foie en tant qu’alcoolique déchu, comme si sa vie d’anthropologue, à qui on a retiré son doctorat et constamment critiqué, était celle qu’il aurait étudié des sorciers de descendance toltèque; bien entendu qu’il n’est pas lui-même le sujet étudié, ça devrait être évident pour quiconque étudie sérieusement l’ethnologie.


Quand pourtant la critique qu’il serait plus légitime de se demander, en considérant tout le reste de l’oeuvre, est tout simplement si le témoignage rapporté était encore du monde du rêve et qu’on a finalement aucune confirmation qu’il s’agissait bien du corps physique qui s’est ainsi transformé.


Un des problème de base en monographie ethnographique vient des longues descriptions des personnes qui nous décrivent leur culture qu’on prend au pied de la lettre, qu’on interprète seulement depuis notre lentille occidentale, sans aucune considération pour la logique interne d’un peuple.


Ainsi, pas exemple, dire que ceci est vrai ou faux en fonction de si ceci est rêvé ou pas dépend en grande partie de l’importance qu’on accorde au monde du rêve, pour un peuple pour qui le rêve est la façon de communiquer avec les morts et y abrite notre corps éternel et que notre corps physique qu’on sait éphémère n’est que le lieu d’un apprentissage temporaire qu’on apportera dans celui des rêves, le réel pourrait être défini comme l’éternel et le faux comme l’éphémère plan matériel.


Ainsi, l’anthropologie s’est souvent faite écraser par des impératifs biologiques qui tranchent de ce qui est de ce qui n’est pas comme si l’exercice théorique en ethnologie consistait à départager les peuples qui disent vrais des peuples qui disent faux.


Mais comme la thérapie psychologique est plus du pardon et de l’acceptation que de savoir qui a tort dans une chicane, le scientifique qui fait l’ethnographie d’un peuple n’a jamais eu comme mandat d’être le juge moral ou objectif d’un peuple, mais d’en raconter la logique interne, et sur ce, peu de gens ont aussi bien réussis que Carlos Castaneda.