du délire paranoïaque

Le délire paranoïaque se distingue tout d'abord du délire paranoïde par son caractère rationnel, bien que très grave dans son interprétation des événements, il n’est pas irrationnel mais exagéré.

Initié par un préjudice ou un abus, ça peut ressembler à un léger stress post-traumatique qui tendra vers une hypervigilance à moyen terme.

Cette hypervigilance se manifestera alors par une constante vérification des situations à la recherche d'éventuels dangers, toujours en réaction à des expériences préjudiciables antérieures.

Par exemple, une personne ayant subi un préjudice en raison de sa francophonie en Amérique du Nord pourrait développer une hypervigilance qui examine continuellement les situations sous l'angle d'un éventuel préjudice. Le délire découle de l'épuisement engendré par cette vigilance constante, se manifestant par un manque de sommeil et d'énergie. Bien qu'il puisse ressembler à une dépression, c'est plutôt un épuisement, bien que ça puisse ressembler à une psychose, c'est plutôt dans la famille des névroses, comme les phobies.

A contrario, le délire paranoïde est comme un rêve, psychotique et sans rationalité, il est surtout présent chez les schizophrènes; le discours est décousu et très difficilement compréhensible, tandis que le délire paranoïaque peut gagner une cause devant un juge tellement tout est analysé et lié logiquement. Les grands paranoïaques peuvent d’ailleurs avoir une carrière entièrement bâtie là-dessus et occuper des postes importants dans la sécurité ou même des postes de pouvoirs, de politiciens à syndicalistes, on les retrouve là où la méfiance peut être un avantage.

Le trait distinctif du délire paranoïaque toutefois, l’espèce de pointe d,iceberg du trouble lorsqu’il est en délire, réside donc dans l'absence quasi-totale de relativisation de la gravité des événements. Chaque injustice, aussi minime soit-elle, est perçue avec la même intensité que le pire des préjudices imaginables, caractérisant ainsi cette condition d'une diminution du discernement quant à la gravité des circonstances et aussi quant à la réaction face aux circonstances, tout est grave et traité comme tel.

Le problème est dans l’exagération de la perception des dangers et de la réaction face à ces dangers potentiels.

Le trouble de la personnalité paranoïaque est donc un diagnostic officiel qui est essentiellement une structure de la personnalité qui lors d'épuisement devient un délire, s’il n’y a pas de délire, on parlera moins d’un trouble de la personnalité.

Le trouble mental qui traverse tout cela s'appelle l'hypervigilance et ressemble à ce qu’on appelle le trouble du spectre du stress post-traumatique, la différence évoqué est surtout au niveau de la nature du trauma, dans le cas du stress post-traumatique on est plus souvent devant un accident comme une explosion à la guerre ou une infraction à domicile, tandis que dans le cas de l’hypervigilance et de la structure de la personnalité paranoïaque on est plus dans des cas d’abus qui plus ils ont été vécus tôt dans la vie du patient, plus il sera constitutif de la structure de la personnalité.

Une bonne approche de la vulgarisation scientifique pour nous aider à comprendre le délire paranoïaque est en l’opposant à la psychose du délire paranoïde; c’est une opportunité épistémologique en sciences de la santé mentale que d’en profiter pour aborder la distinction entre la névrose et la psychose, un pont majeur, un continuum central, de la classification des maladies mentales.

J’aimerais donc conclure en rappelant ce que Freud avait dit du paranoïaque, que c’était une névrose défensive très structurée, a contrario, le délire paranoïde est une désorganisation de la pensée tel un rêve.