L’Iran est perçue comme dangereuse pour l’Occident pour plusieurs raisons, qui tiennent à la fois à ses capacités militaires, à son idéologie politique, à ses alliances régionales et à ses ambitions stratégiques. Voici une synthèse des principaux éléments :
Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran se positionne comme un pôle de résistance au "système occidental", qu’il associe à l’impérialisme américain, au sionisme et à la décadence morale. Ce discours s’appuie sur :
Un rejet explicite des États-Unis (le "Grand Satan") et d’Israël (le "Petit Satan").
Un soutien aux mouvements islamistes et anti-occidentaux dans le monde.
Une volonté affichée d’exporter la révolution islamique, surtout en milieu chiite.
L’Iran finance, forme et arme plusieurs groupes classés terroristes par l’Occident, notamment :
Hezbollah (Liban)
Houthis (Yémen)
Milices chiites en Irak et en Syrie
Groupes palestiniens comme le Jihad islamique et des factions du Hamas
Ces groupes mènent des attaques contre les alliés des États-Unis (Israël, Arabie saoudite), contre des bases américaines au Moyen-Orient, et parfois même contre des civils.
L’Iran a développé un programme nucléaire civil, mais les puissances occidentales soupçonnent depuis des années des intentions militaires cachées :
L’Iran a enrichi de l’uranium à des niveaux proches de l’arme nucléaire.
L’Accord de Vienne (JCPOA) de 2015 visait à limiter ce programme, mais les tensions persistent depuis le retrait des États-Unis en 2018 sous Trump.
Un Iran doté de l’arme nucléaire bouleverserait l’équilibre stratégique au Moyen-Orient.
L’Iran développe des missiles de longue portée capables de frapper Israël, les bases américaines, ou potentiellement l’Europe. Il est aussi actif dans la cyberguerre :
Attaques contre des infrastructures occidentales et israéliennes.
Espionnage et déstabilisation numérique.
L’Iran cherche à étendre son influence dans une vaste région, du Liban à l’Afghanistan, en passant par la Syrie, l’Irak et le Yémen. Cette stratégie va à l’encontre :
Des intérêts occidentaux (pétrole, stabilité des alliés).
Des États arabes sunnites pro-occidentaux (Arabie saoudite, Émirats).
D’Israël, régulièrement menacé d’éradication dans le discours iranien.
L’Iran se rapproche de la Russie (coopération militaire en Syrie, livraisons de drones) et de la Chine (partenariat stratégique), ce qui le positionne dans un bloc anti-occidental dans le contexte multipolaire post-guerre froide.
L’Iran est jugée dangereuse non pas tant parce qu’elle aurait la capacité d’envahir l’Occident, mais parce qu’elle constitue un acteur perturbateur stratégique, capable de :
Déstabiliser les régions vitales pour l’Occident (Moyen-Orient, golfe Persique).
Saboter les alliances et les régimes pro-occidentaux.
Nourrir un contre-modèle idéologique à l’ordre libéral.
Israël a procédé à des "land grabs" (accaparements de terres) pour plusieurs raisons imbriquées : historiques, religieuses, sécuritaires, idéologiques et démographiques. Voici une explication structurée et équilibrée du phénomène, sans cacher les faits ni les justifications avancées par Israël.
Dès 1948, la création d’Israël entraîne une guerre avec les pays arabes voisins. À l’issue de cette guerre et surtout après celle de 1967 (Guerre des Six Jours), Israël occupe militairement plusieurs territoires :
Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), auparavant sous contrôle jordanien.
Gaza, auparavant sous contrôle égyptien.
Hauteurs du Golan, auparavant syriennes.
Sinaï, qui sera rendu à l'Égypte en 1979 avec les accords de paix.
Ces territoires sont considérés occupés illégalement au regard du droit international (résolution 242 de l’ONU), mais Israël avance d’autres arguments.
Israël affirme avoir besoin de profondeur stratégique pour se défendre, surtout après avoir été attaqué en 1948, 1967 et 1973. Cela justifie, selon lui :
Le contrôle des hauteurs du Golan (vue stratégique sur la Syrie).
L’installation de colonies en Cisjordanie pour créer une zone tampon face à d’éventuelles menaces.
Critique : De nombreux analystes estiment que ces justifications sont disproportionnées et servent en réalité des intérêts de contrôle territorial durable.
Certains mouvements sionistes considèrent que :
La Judée-Samarie (Cisjordanie) est une terre biblique promise au peuple juif.
Le retour sur ces terres est une forme de rédemption nationale.
C’est particulièrement fort chez les colons religieux (mouvement Gush Emunim) et la droite nationaliste israélienne.
Critique : Cette vision mène à des politiques de colonisation unilatérales, rejetées par la communauté internationale comme obstacles à la paix.
La colonisation permet de créer des "faits sur le terrain" :
Routes réservées aux colons.
Mur de séparation intégrant des colonies à Israël.
Statut différencié pour les Palestiniens (occupation sans citoyenneté).
Cela rend de plus en plus difficile une solution à deux États, car la continuité territoriale d’un futur État palestinien est morcelée.
Colonisation en Cisjordanie : Plus de 700 000 colons israéliens y vivent aujourd’hui, malgré les résolutions de l’ONU qui les considèrent comme illégales.
Expropriations de terres palestiniennes : souvent justifiées par des motifs "militaires", "archéologiques" ou "d’abandon".
Destruction de maisons palestiniennes : en particulier à Jérusalem-Est et en zone C.
Contrôle des ressources : eau, routes, points de passage, etc.
Tensions croissantes entre Palestiniens et colons.
Violence : attaques, représailles, opérations militaires.
Discrédit du processus de paix : les Palestiniens n’y croient plus.
Critiques internationales : sauf des États-Unis, peu de pays reconnaissent la légitimité des colonies.
Les land grabs israéliens sont à la fois le résultat d’une logique sécuritaire, idéologique et politique. Pour Israël, ils permettent de renforcer sa position stratégique et identitaire. Pour les Palestiniens et la communauté internationale, ils constituent une violation du droit international et un obstacle majeur à une paix durable.
Réconcilier les sionistes fanatiques et les chiites fanatiques anti-occidentaux semble, à première vue, une tâche quasi impossible — car on parle ici de deux pôles d’idéologies absolutistes, théologiques, et souvent apocalyptiques, qui se nourrissent de la peur et de la haine de l'autre. Pourtant, il existe des leviers de compréhension, voire des points de contact possibles… mais cela exige un changement de paradigme profond.
Voici une analyse réaliste, sans naïveté, des conditions nécessaires — et des limites :
Avant toute réconciliation, il faut sortir d’une vision manichéenne où l’un serait plus "raisonnable" que l’autre. Ce sont deux formes de fondamentalisme sacralisé, souvent ancrées dans :
Des récits religieux eschatologiques (la venue du Messie juif vs l’Imam caché chiite).
Une souffrance historique légitime (la Shoah pour les Juifs, les humiliations coloniales et les persécutions sunnites pour les chiites).
Un sentiment d’élection ou de mission divine.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces deux camps partagent une même aversion pour l’Occident laïque, libéral, consumériste, qu’ils jugent :
Corrompu moralement (perte des valeurs, permissivité sexuelle).
Dégénéré spirituellement (athéisme, relativisme).
Oppressif (colonialisme, domination culturelle et économique).
Les modérés sont souvent inaudibles. Mais il existe des intellectuels juifs traditionnalistes et des théologiens chiites critiques de l’extrémisme qui peuvent servir de ponts :
Côté israélien : des figures comme Micah Goodman ou Yeshayahu Leibowitz dénoncent à la fois le messianisme politique et l’oubli de l’éthique.
Côté chiite : certains ayatollahs irakiens (comme al-Sistani) s’opposent à la logique de guerre et insistent sur l’autonomie morale.
Le danger vient surtout des branches apocalyptiques armées :
Certains colons sionistes rêvent d’un troisième Temple et d’un monde purifié par la guerre.
Certains courants chiites croient que le chaos régional précipitera l’arrivée de l’Imam caché.
Ces courants ne sont pas majoritaires mais disproportionnellement influents, car politiquement tolérés ou instrumentalisés.
La seule chose que ces deux extrêmes pourraient un jour apprendre à haïr ensemble… c’est la guerre elle-même, une guerre qui finit toujours par broyer les enfants de chacun.
Israël a vu ses jeunes tués dans les bus ou dans Gaza.
L’Iran a vu ses fils mourir en Syrie, au Liban, au Yémen, sans réelle victoire.
On ne réconciliera pas des fanatiques par la raison ou les traités. Mais on peut :
Assécher les sources de fanatisme (humiliation, vengeance, endoctrinement).
Créer des récits alternatifs communs, centrés sur la dignité humaine, la justice, la mémoire du mal fait et reçu.
Investir dans l’éducation, le pardon, et les figures intermédiaires.
Il ne s’agit pas de nier les conflits, mais de désarmer les âmes, pas seulement les fusils.
Voici un dialogue fictif entre un rabbin sioniste (Rav Eytan) et un ayatollah chiite (Sayyed Al-Moussawi), imaginé dans un cadre de rencontre interreligieuse secrète à Istanbul, loin des caméras et des armes. Ce dialogue cherche à faire émerger, malgré les désaccords radicaux, un espace de reconnaissance partagée.
Lieu : une salle austère mais lumineuse, dans un ancien caravansérail reconverti.
Date : un jour de silence entre deux guerres.
Modérateur : un moine chrétien orthodoxe, silencieux.
Rav Eytan (regard droit, voix calme) :
Sayyed Al-Moussawi, je suis venu ici non pas pour renier ma foi ni défendre des frontières, mais pour poser une question. Combien de morts faudra-t-il encore pour que nos enfants ne naissent plus orphelins ?
Sayyed Al-Moussawi (lentement) :
Je ne suis pas ici pour pardonner l’occupation de nos terres. Mais je suis père. Et j’ai vu trop de tombes. Même l’ennemi, lorsqu’il pleure son fils, me ressemble. Cela m’effraie.
Rav Eytan :
Vous croyez en la venue de l’Imam caché. Nous attendons le Messie. Mais dites-moi : viendra-t-il par le sang, ou par la justice ? S’il revient sur une mer de larmes, ne s’éloignera-t-il pas aussitôt ?
Sayyed Al-Moussawi :
Certains de mes frères croient qu’il faut hâter l’effondrement du monde pour qu’il revienne. Je leur dis : l’Imam ne descend pas sur des ruines, mais sur des cœurs purifiés. L’arme n’accélère rien. Elle recule la lumière.
Rav Eytan :
Certains de mes frères croient que la guerre nous rapprochera de notre délivrance. Je les comprends, mais je leur réponds : Dieu n’habite pas les bulldozers, ni les missiles. Il habite l’âme du juste.
Sayyed Al-Moussawi :
Nous avons trop sacralisé nos haines. Nous avons confondu la mémoire avec la vengeance. Moi, je veux pleurer tous les morts — les miens, les vôtres, et ceux que personne ne nomme.
Rav Eytan (en baissant la tête) :
Moi aussi. Peut-être que la première réconciliation, ce n’est pas de s’aimer… mais d’accepter de ne plus se tuer.
Sayyed Al-Moussawi :
Alors commençons là. Non pas par un traité, mais par un silence partagé. Que chacun retourne chez lui, non pas vainqueur, mais moins certain d’avoir raison seul.
Ce type de dialogue n’est pas utopique : il n’efface pas les divergences, mais il humanise l’autre. Et parfois, cela suffit à changer le cours d’une génération.